Je suis un peu traumatisé, car ce n’est pas dans nos habitudes de surprendre les soignants», déclare le docteur genevois Hakan Kardes, fondateur de la société Maison Médicale, aux professionnels de la santé présents dans la salle sierroise. Le 16 septembre dernier, une soirée à leur intention a été organisée pour annoncer un petit bouleversement dans le paysage local: l’actuelle maison de la santé Life disparaît pour intégrer la société genevoise Maison Médicale.
En 2023, Life Sierre SA, déjà active en centre-ville avec une dizaine de professionnels de la santé, annonçait sa volonté de réunir 35 médecins dans le nouveau quartier de Plantassage pour 2026. Face à l’am- pleur de la tâche, ils ont décidé de passer la main et d’intégrer le réseau Maison Médicale. «En venant présenter Maison Médicale à Sierre, on craignait d’être perçus comme un fast-food de la médecine», partage le docteur Fabrice Coppex, consultant stratégique.
Le projet a de quoi ébranler le milieu médical sierrois. Début 2028 apparaîtra dans le nouveau quartier de Plantassage un bâtiment de 3500 m2 sur quatre étages organisés autour des besoins en santé de la population locale. Pour l’heure, le projet prévoit un étage dédié à la médecine de famille et à la pédiatrie. Un autre sera consacré à la santé mentale, accueillant des psychiatres et psychologues. Les services de gynécologie obstétrique, de médecine générale et de nutrithérapie de la Maison de Santé Life, déjà actifs dans le centreville, prendront eux aussi place dans le nouveau quartier. Pour le reste, le projet est encore «assez élastique», selon les mots du docteur Hakan Kardes et les services dépendront des futurs médecins qui s’installeront. «On a encore deux ans pour compléter l’équipe. Ça passera beaucoup par le bouche à oreille», explique le docteur Fabrice Coppex, qui privilégie cette approche plus humaine. «Les médecins qui viennent seront avant tout des gens qui s’entendent bien et qui partagent les mêmes va-leurs et la même vision.»
L’équipe compte déjà huit professionnels de la santé. A latête du navire, le docteur Pierre-Alain Triverio, ancien directeur du Centre Hospitalierdu Valais Romand, qui repren-dra la direction médicale. La nouvelle semble bien accueillie parmi les professionnels de la santé de la région. «C’est une bonne nouvelle, car ça offrira un panel de prestations vraiment utiles pour les patients», explique le médecin cantonal Eric Masserey. «Il est nécessaire d’avoir des structures qui prennent en compte les besoins globaux des patients.» Du côté des médecins de la région, on ne perçoit pas l’arrivée d’une nouvelle concurrence extérieure et les avis concordent. Pour un docteur proche de la retraite, l’arrivée du réseau en Valais «est plutôt bienvenue».
Une médecin du centre sierrois dit se réjouir car «ça nous déchargera. Là, on manque de professionnels de la santé.» Al’Hôpital du Valais, on abonde:«nous pouvons nous réjouir de l’implantation de médecins généralistes dans la région, à même de diminuer la pression sur nos services pour les urgences non vitales.»